samedi 17 mars 2018

Enfance désabusée

A UN POIL PRÈS
(collège de Génolhac, Gard, 1993)
 
   J’avais huit ou neuf ans tout au plus, mais persuadé cependant d’avoir déjà beaucoup vécu. J’arborais fièrement les cicatrices de mes genoux : résultat de mon expérience dans le monde en général et conséquence de mes chutes en particulier. J’avais alors, j’en conviens, une conception assez réductrice de l’existence. Ainsi, j’étais très jaloux d’un camarade de classe, car il avait du poil au nez et pas moi. Cette pilosité nasale, symbole d’une virilité précoce selon mes critères de l’époque, m’affectait énormément. J’eus la présence d’esprit de ne jamais en faire part à ce garçon et souffris en silence. 
    J’acquis de la sorte très tôt la perception des inégalités en ce bas monde, et que cela parfois pouvait tenir à deux ou trois poils de plus ou de moins...

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