dimanche 3 juin 2018

VUS
(Trélazé, 1996)

    J’ai vu les monts opaques et le fond blessé des songes. Les rivières de diamants au cou des sœurs, l’amour au lit des frères. Les ballons s’envoler dans la nuit qui s’est faite blanche.
    Tu dors dans l’ignorance, merveille de l’innocence. Je voudrais rendre les circonstances atténuantes. L’impossible ne meurt pas mais ne vit jamais. Pourquoi tant d’ordinaire, si peu d’exaltation ? J’entrevois les promesses du désir, si ténues, si peu tenues.
    J’ai cherché dans la bouteille, la noyade salutaire. L’absence a répondu présent, la vie est mon cadeau présent. J’ai rêvé les pieds devant, la tête étoilée au firmament d’une espérance. Hurlé dans la voie lactée, noir d’une rage sans contenance. J’ai cru aux démons dans l’embrasement des cieux. J’ai ricané à l’évocation du coeur qui bat, en pensant aux poètes. Cet organe a de beaux réflexes, confrères, qui sert habilement la pompe !
    J’ai vu les mots opaques et le fond bleuté des songes. Le sang rouge des artères et les vaisseaux noirs des traîtres. Le foie répandre son fiel, les boyaux d’épandage sur l’amer étal. J’ai aimé la nudité blonde, brune, rousse et la musique imaginaire avec. Mais les sens sur les fantasmes usent l’esprit qu’aucun baiser n’aguerrit. La poignante volonté d’assouvir pèse. Dites-moi, vous qui vécûtes, les regrets sont-ils éternels ? Je voudrais que plus un refus ne brise l’âme.
     J’ai vu la verte moiteur des rêves et l’antre des anges. Les coulures vermeilles et la blanche écume. La femme et l’homme naissant. Inventé des mots pour nommer mes visions étranges. Pourquoi la norme, si peu d’imaginaire ? J’ai glapi mes ordres de folie à ma cervelle démontée. Joué l’iconoclaste mélodie et brandi les sons de ma mélopée. J’ai vu tant de choses que je ne saurais dire !..

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire