Authentique mauvaise foi et authentique violence au Lion d’Angers
(je vous
laisse deviner le nom du restaurant)
J’ignorais jusqu’à ce jour,
qu’aller au restaurant pouvait prendre une tournure aussi grand-guignolesque.
Hier soir, je suis carrément entré dans la quatrième dimension !
Ah, si seulement je pouvais
sereinement parler de mon dîner, offert par un ami de passage (2 menus à 38 €
et 3 verres de vin = 85 €) ! Mais non.
Habituellement, quand je prends la
peine de réserver, je trouve une table qui m’est destinée en arrivant. Là,
rien. « Vous pouvez vous installer par là ». Bon.
Mon ami se renseigne sur le saumon
d’Alaska.
- Est-il fumé ?
- Non.
- Mais
encore ?
(Gestes
évasifs représentant vaguement une carte ?) Eh bien, l’Alaska...
- Oui,
mais c’est quoi comme saumon ?
Là, je
reconnais que mon ami aurait dû être plus précis et demander s’il s’agissait
d’une darne, d’un pavé ou toute autre chose. Du coup, on l’a renseigné sur la
race de la bête, car dit la dame un peu contrariée : il y a beaucoup de
sortes de saumons
Ah, les quiproquos !
Bon, mon
ami s’est rabattu sur une autre sorte d’ichthys.
Pour ma part, j’ai pris du bœuf, qui s’avéra ferme et le
couteau dont je disposais n’était pas adapté. Je n’ai donc pas fini.
Réprobation visible : à l’enlèvement des assiettes, l’atmosphère qui était
déjà plutôt fraîche devint glaciale en dépit des 26° C de cette soirée.
Disparition
de la serveuse, remplacée par : le patron ? Le cuisinier ? Le
gérant ? Il ne nous a pas salués et ne s’est jamais présenté. Mon ami
demande à cet homme singulièrement froid quel bon vin il lui recommande pour
accompagner son assortiment de fromages. Réponse sèche : un Cadillac. Le
quidam se tourne vers moi avec hargne, l’air de dire « il est pas bon mon
vin ? » :
- D’ailleurs c’est ce que
vous buvez, non ?
- Euh… Oui… sans doute… (j’avais
oublié, j’admets).
Mais, bon, je croyais en toute
innocence que le client était roi. Là, apparemment, on est prié de manger sans
moufeter, de tout trouver génialissime et de payer en remerciant en prime le
patron d’avoir passé une exécrable soirée.
Mon ami de 84 ans n’a pas fini son
fromage. Erreur fatale ! Le Cerbère des lieux lui assène, courroucé, des
borborygmes où je comprends vaguement « pas mangé fromage aux
truffes » (mais je me trompe peut-être).
Echanges de regards
interrogateurs. Vu le ton, on se dit qu’il y a un truc qui ne va pas. Le
gaillard enlève l’assiette vivement en éructant des paroles désagréables. Je
suis bon prince, mais je lui fais remarquer que nous sommes des clients et que
nous avons droit à un minimum d’égards. Là-dessus, il me déclare que quand il
pose une question, il attend une réponse.
- Au lieu de rouler des yeux en
regardant votre collègue, dit-il à mon ami.
Il mime celui-ci en faisant des
grimaces.
« Collègue », des
grimaces : la quatrième dimension, je vous disais !
J’exprime mon mécontentement en
déclarant que je ne remettrai pas les pieds dans son établissement et que je
lui ferai la publicité qu’il mérite auprès de mes relations.
- Des clients comme vous, on s’en
passe et on les connaît les gens qui se vengent sur Tripadvisor. Méfiez-vous,
je vous attaquerai pour diffamation !
Je pense en moi-même que pour le
coup, il en fait tout un fromage et lui déclare tout le mal que je pense de son
attitude grotesque. Cet olibrius nous annonce qu’il nous sortira à coups de
pieds au derrière si on continue. Hallucinant !
Mon ami se fâche et hausse le ton
– il n’aurait pas dû, mais bon – en réclamant l’addition.
- Déplacez-vous au comptoir, si
voulez payer !
D’un seul homme, nous répondons
fermement non. L’appât du gain étant le plus fort, l’homme se déplace jusqu’à
notre table avec force commentaires se voulant humiliants : j’espère que
vous connaissez votre code, sinon votre carte sera avalée (il plane ou
quoi ? voilà qu’il se prend pour un distribanque !) Le code fait, il
en rajoute une couche en simulant un défaut de son terminal : « Votre
compte n’est pas approvisionné ! » Finalement, le ticket sort (bien
entendu) et j’ironise : « On en a
de la chance ! » Insensible à l’humour, il fanfaronne :
« Vous êtes soulagés ! Vous n’étiez pas sûrs d’avoir de l’argent sur
le compte ? »
Finalement, on sort très remontés
et on oublie le pull de mon vieil ami.
Bon. Demi-tour au bout de trente
mètres parcourus. Retour devant le resto et porte close à 20H45. L’homme
déclare à mon ami que le restaurant est fermé et qu’il doit repasser le
lendemain s’il veut revoir son pull. Mon ami entreprend de rentrer quand même
récupérer son bien en essayant d’enjamber une petite palissade qui sépare la
terrasse de la rue, mais l’homme le repousse violemment. Je ne sais par quel
miracle, mon vieil ami de 84 ans ne s’est pas fracassé le crâne contre le
trottoir ! Toujours est-il qu’il est resté accroché en équilibre instable
jusqu’à mon intervention verbale et mon bras salvateur.
Putain de fromage !
Je réclame le pull et l’obtiens.
Nous faisons demi tour et croisons
une voiture de gendarmerie. Ah, je me dis : puisqu’il nous avait un moment
menacés des forces de l’ordre au cours de ses logorrhées ridicules :
allons-y ! Surtout que le comportement de ce bonhomme avait été violent.
Les gendarmettes entament
difficilement une discussion avec le malfaisant, car il n’écoute pas et raconte
je ne sais quoi sur notre compte, ou sur le sien, car il semble très imbu de sa
personne. Elles essayent vainement de lui faire comprendre que même si mon ami
n’avait pas à enjamber la palissade, il n’avait pas non plus à être violent.
Nous partons, en remerciant malgré
tout les forces de l’ordre qui ont d’autres chats à fouetter et sous les
quolibets de cet être médiocre qui nous traite entre autre « d’agents de
la Gestapo ».
Quand je vous disais que j’avais
été piégé dans la quatrième dimension !
Enfin, bref, il y a des soirs,
comme ça, où on se dit qu’on aurait mieux fait de se vautrer devant la télé
avec un plateau repas et une bonne bière !
Enfin, c’est pas grave : on
est en finale !
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