mercredi 1 mai 2019

Vagues vagues



SUR LE FIL
(Grand’maison, Trélazé, Maine et Loire, 1995)
     Sur la corde à linge, sèche la veste d’uniforme. Le ciel marine salue les galons d’Enseigne et le soleil rayonne dans les boutons. Zéphyr éveille l’humeur folâtre, les petites culottes n’ont qu’à bien se tenir ! Le souffle gonfle des formes au cœur du linge, et de ses manches, le vêtement d’officier
fait du pince fesses ! Il s’amuse follement de cette promiscuité incongrue, oubliant ce qui est convenu, loin des soucis de la Flotte, il gigote. 
    Un Capitaine de Frégate passe dans la rue. Il essuie les gestes désordonnés de la veste au galon solitaire. Quel plaisir, l’irrévérence ! 
    A voile ou à vapeur, l’habit n’a pas choisi. En revanche, le pont de l’escorteur où s’escriment les mousses, lui arrache des soupirs. La mer, la vaste mer, sans cesse renouvelée : il l’abandonne aux poètes. Costume de circonstance, il n’a pas l’étoffe des héros. Ah, s’il avait pu déguiser de jolies
filles nues ou même des garçons ! Loin de la discipline, loin des réveils matutinaux, des médailles et des drapeaux ! 
    Alors, sur son fil, l’uniforme implore les cieux. Il lui faut une bourrasque, une tempête, une tornade, un cyclone ! Partir... Pour vivre un peu...


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