L’OREILLER
La Jaille-Yvon, 22 octobre 2017
Au fond d’un placard aux
vieilles odeurs de lavande, il croupit et, dans le noir, passe en revue les
souvenirs. Il a recueilli tant de confidences qu’il pourrait en faire un roman
! Combien de têtes, grises ou blondes, ont creusé sa chair d’un sommeil plus ou
moins lourd ? Il ne saurait dire.
Ce qui le hante encore, ce
sont les râles puissants des amants ou le souffle ultime des mourants ; la bave
sucrée des enfants et celle, plus âcre des vieillards.
Naguère bercé par les
ronflements des mâles repus ou par ceux plus discrets des femmes amoureuses, il
regrette à présent sa solitude rangée.
Il sait que rien ni
personne ne le sortira de ce cercueil, à moins que… oui, à moins que !
Soudain la porte s’ouvre.
Voilà qu’on l’emporte,
ivresse des sens !
Il lui semble qu’il vole au
milieu des rires et de l’agitation du monde.
Des paysages défilent à
travers une vitre.
Puis, voilà qu’il vole à
nouveau dans l’éther des cieux, happé par le vent, ébloui de soleil et d’un
bonheur idiot.
Plaf ! Longuement, il
va pouvoir méditer sur l’étendue de la vanité, au creux de la benne
« petits encombrants » !…
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