BANDIT !
(Cassagnes, Gard, 1992)
Le revolver m’observe d’un regard noir, prêt à faire entendre ses aboiements serviles au cas où je bougerais un cil. La petite gouape qui me tient en respect, martyrise de ses lèvres nerveuses un mégot, et s’imagine peut-être en présence d’une grosse légume jalouse d’un précieux magot. Est-ce-qu’il lâchera le chien de son enfer métallique, quand il saura qui je suis ? Son Cerbère de poche claquera-t-il de sa langue d’acier sur la poudre de mon escampette ? La dérision de la situation me saute au visage comme des morpions sur les poils du fion. J’orne aussitôt ma face d’un large sourire d’amusement, un coup de pied au foie me ramène aux réalités de l’infâme garnement : je ferais mieux de me tenir à carreau si je tiens à l’existence ! Ce jeunot qui me crapote à la gueule, cette face d’acné, ce merdeux me botte et me tance ! La rage s’empare de moi, simple quidam, je me jette sur l’olibrius et lui arrache son vilain jouet. La petite frappe gît à présent sur le macadam, le nez en sang, pleurant tel un nouveau né. Prépare tes prières, lui dis-je et sèche tes larmes, je t’envoie ramer sur le Styx. Ses grands yeux étonnés m’interrogent et regardent dans ma main, l’arme. Sa jeune fiole explose, répandant pèle-mêle sang écarlate et cervelle, quand, le chien enfin libéré, le coup fatal éclate.
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