D’UN BOURGEOIS
(collège de Génolhac, Gard, 1993)

    Aujourd’hui à l’école, j’ai essuyé un affront : Daniel et Patrick m’ont traité de bourgeois. La maîtresse a tout entendu et, très en colère, leur a demandé de donner la signification de ce mot à la classe. Comme dans leur esprit, il s’agissait d’une insulte bien sentie, ils ont préféré s’abstenir. La maîtresse nous a alors donné la définition de ce mot : il s’agirait ni plus ni moins d’une personne habitant le bourg. Sans blague ? Il y a sûrement un sens beaucoup moins noble, sinon autant dire que les crétins sont les habitants de la Crète !
    Bref, je ne décolère pas après mes deux camarades dont j’espère avoir un de ces quatre, l’occasion d’écraser l’œil ou le nez !
    C’est donc le visage sombre que je suis rentré de l’école. J’ai conté par le menu l’aventure à maman sur un ton farouche. Elle a souri, en déclarant : 

    « Tu aurais dû rétorquer : je suis un aristocrate à la lanterne. »
    C’est bien maman de me parler lanterne quand il s’agit d’honneur !