mardi 29 mars 2011

Ingratitude

VAGABONDE
(Trélazé, Maine et Loire, 1996)
 
    La mère, accroc à la dive bouteille, soudain écume de rage, inondant nos tympans d’un message amer. Notre entendement ne capte pas le flot immonde :  les phrases naviguent dans les embruns, impossible d’en saisir le sel. Mais jusqu’au vertige les rouleaux débordent de ravages. 
    La matrone titube sur un mot, baragouine, vocifère, et d’une rasade, rafraîchit ses machines. Elle reprend le quart dare-dare, l’esprit en veille sur sa barcarolle ivre. 
    Que dire à la mère vinasse, nous les enfants, quand sur nos têtes la vague abonde ? Nous distinguons l’atrocité de la houle, et les abysses où disparaissent notre amour filial. 
    Qu’y-a-t-il à faire, à part le silence, quand l’ivrognesse s’entête au goulot ?
Ce rafiot n’est pas le nôtre, il empeste le naufrage ; en dépit des logorrhées, des borborygmes, on se console à l’appel grisant des sirènes. 

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