RASPOUTINE
(Cassagnes, Gard, 1993)
(Cassagnes, Gard, 1993)
Encore ! Cette exclamation mêlant la surprise à l’exaspération, c’est maman qui la pousse depuis la cuisine. Pour la troisième fois cette semaine, une souris a entamé nos provisions ! Cette fois, elle a jeté son dévolu sur un paquet de riz dont le contenu se répand dans les mains de maman consternée.
Cette souris, les chiens l’ont coursée hier midi dans la salle à manger, sans succès et, heureusement sans casse. Une tapette est régulièrement amorcée avec un bout de gruyère près de l’évier : cela améliore l’ordinaire de dame souris. La tapette claque d’un coup sec, trompe la mort est déjà loin !
Au début, papa s’est amusé à tirer sur le petit rongeur avec ma carabine à air comprimé chargée d’un grain de blé. Il prétend l’avoir touché dans le derrière, je fais mine d’y croire : cela a l’air de lui faire plaisir.
La souris, que tout le monde à la maison appelle Raspoutine pour une raison que j’ignore, devrait se méfier : on ne s’attaque pas impunément aux rations d’une famille nombreuse !
Papa a sorti la nasse réservée d’ordinaire aux rats et l’a placée dans un endroit stratégique.
Raspoutine est morte. Noyée par le Prince Youssoupov (il semblerait que ce soit le surnom de papa), tout le monde en parle à table ce soir, moitié gai, moitié triste !
Je déclare solennellement : « Je ne sais pas pourquoi vous l’appeliez Raspoutine... En tout cas elle avait la vie dure ! »
Tout le monde s’esclaffe.
Vraiment, ce que les grands sont bêtes !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire