jeudi 9 juin 2011

Un sacré dimanche

Un petit extrait de ma comédie "Un Sacré dimanche" qui parcourt les planches de France et de Navarre...


Scène 5
 Les mêmes, Grégory, puis sœur Solange.

    En attendant son invitée, Yolande s’agite de droite et de gauche en quête du détail.  Les vieux parents sont prostrés dans le canapé, le regard vide. Enfin la sonnette retentit. Tout le monde sursaute avec un bel ensemble.

SOPHIE (se levant) : Samuel !
YOLANDE (se précipitant pour ouvrir) : sœur Solange ! (Elle ouvre la porte.) Mais vous n’êtes pas sœur Solange ?
GREGORY : Non.
YOLANDE (contrariée) : Bon alors, qu’est-ce que vous voulez ?
GREGORY : C’est pour les valises. (Il entre sans formalité et dépose des valises dans le salon.)
YOLANDE (revenant de sa surprise) : Mais non ! C’est une erreur ! Ces valises ne sont pas à nous ! Sortez tout de suite !
GREGORY : Je sais bien qu’elles ne sont pas à vous ! Elles sont à ma sœur.
YOLANDE : Votre sœur n’habite pas ici que je sache !
GREGORY : Non, mais elle ne va pas tarder.
HENRI (intervenant) : Vous êtes bien gentil mon ami, mais nous ne vous connaissons pas et encore moins votre sœur et nous ne voulons pas être encombrés par ses bagages, ce n’est pas une consigne ici !
GREGORY : Je ne suis pas chez madame Darcy, l’écrivain ?
HENRI (surpris) : Si… Non !… (Se tournant vers sa femme, soupçonneux.) Yolande, c’est quoi encore ce cirque ?
YOLANDE : Mais je ne sais pas ! A part Francine, je n’attends personne !
GREGORY : Je suis son frère et voici ses bagages !
HENRI : Ah ? C’est ce qu’on appelle voyager en bagages accompagnés !
YOLANDE (elle pousse son mari afin d’intervenir) : Bonjour mon père. Excusez notre accueil… Je suis Yolande Delmas, alias Darcy l’écrivain. (Désignant son mari négligemment.) Un vieil ami… Nous attendons sœur Solange, mais nous ne savions pas… (Gestes évasifs.) Enfin, entrez.
GREGORY (très surpris, regarde autour de lui) : Nous ne sommes pas seuls ? Francine est au courant ?
YOLANDE (comme une gamine prise en faute) : Euh… Non… En fait, ce sont des gens de passage pour la plupart… Je vais faire les présentations ! Henri Bertaud un ami de longue date…
HENRI (à sa femme) : Bertaud ? (Serrant la main de mauvaise grâce.) Bonjour mon Père.
YOLANDE : Monsieur et madame Ramirez, des parents éloignés qui arrivent tout juste d’Amérique latine…
LE PERE : Buenos días mi padre !
LA MERE : Ah ! Mon Père ! Ma fille me répudie ! Vous ne connaissez pas votre bonheur de ne pas avoir d’enfants ! Mais qu’est-ce que je raconte ?
YOLANDE (à l’homme) : ne faites pas attention, elle est pouêt, pouêt ! (Elle fait un geste pour signifier qu’elle est soûle.) Et puis voici Sophie, une étudiante qui me loue une chambre… Je fais un peu de social, dans la mesure de mes pauvres moyens…
SOPHIE : Bonjour mon Père.
GREGORY :  Bonjour… Mais au fait, pourquoi tout le monde m’appelle « mon Père » ?
HENRI : Vous n’êtes pas de la soutane ?
GREGORY (surpris) : Comment ?
YOLANDE : Vous n’êtes pas prêtre, curé ou quelque chose dans le genre ?
GREGORY : Pas du tout. Pourquoi ? J’en ai l’air ?
YOLANDE : Non, mais comme vous avez dit être le frère de sœur Solange…
GREGORY : Moi ? Pas du tout !
YOLANDE : Pourtant, vous affirmiez tout à l’heure…
GREGORY (s’impatientant) : Non, moi je veux bien être le frère de Francine, ça suffit comme ça !
La sonnette retentit.
YOLANDE : Je vais ouvrir. Ah ! Sœur Solange ! On  vous attendait comme le…
SŒUR SOLANGE : N’exagérons rien !
YOLANDE : Mais si, mais si !
HENRI : Comme le Messie, absolument, je confirme ! Bonjour ma sœur ! Votre frère est là, avec vos valises.
SŒUR SOLANGE (surprise) : bonjour monsieur… Mon Dieu, mon frère ? Avec des valises ? Où cela ?
HENRI : Les valises ? Sous vos yeux.
YOLANDE (donnant un coup de coude à son mari) : c’est malin !

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