LES MOTS POUR LE DIRE
(Trélazé, Maine et Loire 1997)
Jour après jour, les jours s'entassent. Sans même la saveur de l'écume.
Comment en sentir la fuite utile ? C'est un mortel recommencement. On aimerait avoir des choses nouvelles à raconter. Hélas, tout a été dit trente-six mille fois de trente-six mille façons. Je suis né trop tard dans un monde trop vieux : la plainte est ancienne et pas de moi. Je le regrette sincèrement.
Je regarde de ma fenêtre la mer, la vaste mer, sans cesse recommencée. Pourquoi faire du neuf avec du vieux ? Les mêmes formules bateaux se fracassent dans nos cerveaux. Il y a trois mille ans, à la rigueur pouvait-on prétendre à quelque invention. L'an deux mille ne fait même plus rêver les mots... C'est fini, nous sommes condamnés à la platitude. Les amours, suivies d’un long cortège de phrases et de gestes, se consument siècle après siècle. Les pensées continuent de s'agiter dans un fatras d 'idées sur des sujets antiques. Les pleurs naissent toujours des chagrins ou des douleurs et les rires des grimaces du corps ou de l'esprit. Alors, que dire ? Pourquoi parler encore ? Ne devrions-nous pas nous taire ? Pas si facile. L'angoisse nous pousse aux élucubrations. Le silence est assimilé au néant. Après tout, le verbe c'est la vie... Comme tout est dit, nous devenons des ressasseurs. Le flux et le reflux de l'océan nous répond avec le mépris des habitudes. Je m'ennuie de cette eau chargée d'iode et de sel, des embruns, de la silice et du ressac.
Je bois un verre de Layon pour marquer ces minutes d'un petit bonheur. "Un Jésus en culotte de velours" glisse dans ma gorge. Je souris de cette caresse sirupeuse au cœur de mon être. Je t'imagine soudain derrière moi, la joue contre mon dos, les mains croisées sur mon ventre. Tes yeux, ta bouche, ton regard, ton sourire, ta chevelure, ton odeur ! Aucun adjectif pour les magnifier. Rien pour sublimer. Aucune phrase ampoulée. Pas de fioritures. Je ne veux pas dénaturer l'amour de toi. Oui, toi mon amour. Avec toi, j'accepte d'être idiot, le flux et le reflux, les trente-six mille façons de dire les choses...
Je suis dans cet hôtel de la côte atlantique. Loin de l'amour. Les mots grouillent dans le tortillement des idées. Les jours s'entassent et pourrissent dans ma mémoire. Derrière moi, j'entends des pas. Une présence se rapproche. Le bonheur m'étouffe. Je me retourne, la joie dessine un sourire radieux sur mes lèvres.
Crétin : c'est le serveur !
Il m'apporte une autre bouteille...
Comment en sentir la fuite utile ? C'est un mortel recommencement. On aimerait avoir des choses nouvelles à raconter. Hélas, tout a été dit trente-six mille fois de trente-six mille façons. Je suis né trop tard dans un monde trop vieux : la plainte est ancienne et pas de moi. Je le regrette sincèrement.
Je regarde de ma fenêtre la mer, la vaste mer, sans cesse recommencée. Pourquoi faire du neuf avec du vieux ? Les mêmes formules bateaux se fracassent dans nos cerveaux. Il y a trois mille ans, à la rigueur pouvait-on prétendre à quelque invention. L'an deux mille ne fait même plus rêver les mots... C'est fini, nous sommes condamnés à la platitude. Les amours, suivies d’un long cortège de phrases et de gestes, se consument siècle après siècle. Les pensées continuent de s'agiter dans un fatras d 'idées sur des sujets antiques. Les pleurs naissent toujours des chagrins ou des douleurs et les rires des grimaces du corps ou de l'esprit. Alors, que dire ? Pourquoi parler encore ? Ne devrions-nous pas nous taire ? Pas si facile. L'angoisse nous pousse aux élucubrations. Le silence est assimilé au néant. Après tout, le verbe c'est la vie... Comme tout est dit, nous devenons des ressasseurs. Le flux et le reflux de l'océan nous répond avec le mépris des habitudes. Je m'ennuie de cette eau chargée d'iode et de sel, des embruns, de la silice et du ressac.
Je bois un verre de Layon pour marquer ces minutes d'un petit bonheur. "Un Jésus en culotte de velours" glisse dans ma gorge. Je souris de cette caresse sirupeuse au cœur de mon être. Je t'imagine soudain derrière moi, la joue contre mon dos, les mains croisées sur mon ventre. Tes yeux, ta bouche, ton regard, ton sourire, ta chevelure, ton odeur ! Aucun adjectif pour les magnifier. Rien pour sublimer. Aucune phrase ampoulée. Pas de fioritures. Je ne veux pas dénaturer l'amour de toi. Oui, toi mon amour. Avec toi, j'accepte d'être idiot, le flux et le reflux, les trente-six mille façons de dire les choses...
Je suis dans cet hôtel de la côte atlantique. Loin de l'amour. Les mots grouillent dans le tortillement des idées. Les jours s'entassent et pourrissent dans ma mémoire. Derrière moi, j'entends des pas. Une présence se rapproche. Le bonheur m'étouffe. Je me retourne, la joie dessine un sourire radieux sur mes lèvres.
Crétin : c'est le serveur !
Il m'apporte une autre bouteille...
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