lundi 3 juin 2013

Nouvelle pièce de théâtre !

Ci-dessous un extrait de ma nouvelle pièce de théâtre (genre boulevard) intitulée "Les Soucis du détail" pour 7 femmes et 4 hommes, d'une durée d'une heure trente environ.
 

ACTE I
Scène 5
Simon, Madame Sicard-mère et Miss Prentiss

Surgit madame Sicard-mère dans son fauteuil poussé par miss Prentiss. Simon sursaute.

Mme SICARD-MÈRE (hélant) - Chéri ? (Un temps.) Mais où est-il encore passé ?

SIMON - Bonjour madame Sicard, votre fils est dans l’atelier…

Mme SICARD-MÈRE (interloqué) - Mon fils ? Quel fils ? (Se tournant vers la dame anglaise.) Dites-moi miss Prentiss : ai-je un fils ?

MISS PRENTISS - Oui madame a un fils…plutôt.

Mme SICARD-MÈRE - Il s’appelle Pluto ?

MISS PRENTISS - Non…Désolée ! Je voulais dire « indeed »

Mme SICARD-MÈRE - C’est guère mieux !

SIMON (venant en aide à l’Anglaise) - Miss Prentiss faisait une traduction littérale. « Indeed » signifie « vraiment ». En clair, elle affirme que vous avez bien un fils.

Mme SICARD-MÈRE - Je ne m’en souviens pas du tout ! Il doit être insignifiant ! Comment s’appelle-t-il ?

MISS PRENTISS - Raoul, Madame…

Mme SICARD-MÈRE - Bon. (Un temps.) De toute façon je ne cherche pas mon fils, je cherche mon époux ! (Hélant.) Fernand ? Fernaaaaannnnnd ?

MISS PRENTISS (prenant un ton et une mine effondrés) - Hélas madame !

Mme SICARD-MÈRE - Vous avez perdu quelque chose ?

MISS PRENTISS - Non madame, c’est vous… vous avez perdou votre mari…

Mme SICARD-MÈRE - C’est bien pour ça que je le cherche ! (A Simon.) Il y a des moments, je me demande si elle a toute sa tête ! C’est vrai qu’elle est Anglaise, mais cela n’excuse pas tout !

SIMON - Madame Sicard, miss Prentiss essaye de vous dire que votre mari est décédé.

Mme SICARD-MÈRE (horrifiée) - Pourquoi fait-elle ça ? C’est très cruel !

SIMON - Parce que c’est la triste vérité madame. (A part.)  Cela remonte à vingt ans, il doit être faisandé le vieux !

Mme SICARD-MÈRE (sanglotant) - Nous les veuves, on est toujours les dernières informées ! Tout comme les cocus ! (Elle pleure.)

MISS PRENTISS - Votre mari est mort depouis vingt ans madame…

Mme SICARD-MÈRE (cessant de pleurer brusquement) - Depuis vingt ans ? Et c’est seulement maintenant que vous me le dites ?

MISS PRENTISS - On vous avait tenou informée à l’époque, madame, mais vous avez oublié, je le crains…

Mme SICARD-MÈRE (balayant la phrase) - Remarquez, si je l’ai oublié, c’est qu’il ne devait pas être très important ! (Un temps.) Alors, comme ça, j’ai un fils ? Je suis si vieille que ça ? (Devançant les réponses.) Ne répondez pas ! (Un temps.) Mais alors, si mon mari est mort : c’est terrible ! (Un temps.) Qui va me donner de l’argent ?

MISS PRENTISS - Nous allons voir cela avec votre fils, madame.

Mme SICARD-MÈRE (satisfaite) - J’ai eu raison de fabriquer un fils : il va me donner de l’argent pour aller faire les boutiques ! Nanananère ! Vous devriez avoir un fils miss Prentiss ! Comment s’appelle-t-il déjà ?

MISS PRENTISS - Raoul Madame…

Mme SICARD-MÈRE (apercevant le vase) - Oh , comme c’est joli ! Qu’est-ce que c’est ? 

MISS PRENTISS - Oune vase avec du liquouide blou dedans, madame.

Mme SICARD-MÈRE - Pourquoi n’y a-t-il pas de fleurs dans votre vase ?

SIMON (perdant patience) - C’est juste pour la déco ! Les fleurs ne tiennent pas dedans, elles crèvent tout de suite…

Mme SICARD-MÈRE - Comme mon mari : il est crevé ! Heureusement, il me reste un fils ! (Hurlant vers les coulisses.) RAOUL ! RAOUL !

SIMON (se levant et faisant tomber son dessin) - Je vais le chercher ! Ne touchez à rien ! (Il sort vers l’atelier.)
MISS PRENTISS (ramassant le dessin) - Vous avez fait tomber oune papier ! (Apercevant le dessin de femme nue.) Oh ! shocking ! Disgusting ! Awfull ! (Tel un gallinacé, elle hoche de la tête et trépigne avec ses jambes en répétant ces mots plusieurs fois.)
Mme SICARD-MÈRE - Allons bon ! Que vous arrive-t-il ? Vous avez attrapé la grippe aviaire ? Arrêtez, c’est ridicule !

MISS PRENTISS (désignant la feuille à madame Sicard-mère) - C’est cette trouc horribeul !

Mme SICARD-MÈRE - Cette feuille ?  Qu’est-ce qu’elle a cette feuille ? Montrez-moi !

MISS PRENTISS - Je ne sais pas si je dois ! C’est trop affreux ! Choquante ! Dégoûtante !

Mme SICARD-MÈRE (tendant la main avec impatience) - Oui, on a compris ! Donnez-moi ça !

MISS PRENTISS (donnant le dessin) - Vous l’aurez voulou !

Mme SICARD-MÈRE (observant le dessin) - Une femme nue ! C’est de très mauvais goût !

MISS PRENTISS - Je vous avais prévenou ! Oune femme noue ! Oune femme toute noue !

Mme SICARD-MÈRE - Votre réaction était tout de même exagérée. Je me suis imaginée le pire ! Je suis presque déçue…

ACTE I
Scène 6
Les mêmes, Monsieur Sicard et Madame Richou

Entrent monsieur Sicard, suivi de Simon et de la banquière.

M. SICARD (contrarié) - Et bien maman ? Que fais-tu ici ?

Mme SICARD-MÈRE - …Demander de l’argent pour aller faire les boutiques. Ainsi, c’est toi Raoul ? Je t’imaginais plus grand, plus distingué…

M. SICARD (tendant un billet de cinquante euros à sa mère) - Voilà.

Mme SICARD-MÈRE - …Et plus généreux !

M. SICARD - Tu ne peux pas débarquer à l’usine comme ça, à l’improviste ! Je te l’ai déjà dit ! (A miss Prentiss.) Vous le savez bien vous !

MISS PRENTISS (pincée) - Je souis aux ordres de Madame votre mère !

M. SICARD - Vous savez bien qu’elle est atteinte d’Altzheimer ! Ne me dites pas que c’est contagieux et que vous avez oublié !

MISS PRENTISS - Il faut bien la distraire ! Cela loui fait beaucoup de bien de rencontrer du monde, cela la stimoule.

M. SICARD - Il me semble qu’il y a du monde aussi dehors ! Ici ça nous enquiquine !

Mme SICARD-MÈRE - Raoul, approche !

M. SICARD (obtempérant) - Quoi encore ?

Mme SICARD-MÈRE (impatiente) - Plus bas ! Mets-toi à ma hauteur voyons !

M. SICARD (se baisse à hauteur de sa mère) - Bon, je t’écoute…

Mme SICARD-MÈRE (tirant l’oreille de son fils de la main gauche et montrant le dessin) - Petit galopin ! Tu n’as pas honte de dessiner des cochonneries ?

M. SICARD - Aïe ! Aïe ! Aïe ! Ce n’est pas moi ! (Désignant Simon.) C’est lui !

Mme SICARD-MÈRE - Ce n’est pas très joli d’accuser ses petits camarades Raoul ! Je ne t’ai pas élevée comme ça !

M. SICARD (se tordant de douleur) - Aïe ! Aïe ! Aïe ! Lâche-moi maman, ça fait très mal ! J’ai les lobes très sensibles ! (Aux autres.) Faites quelque chose !

MME  RICHOU - Nous ne saurions intervenir dans un différend familial !

Mme SICARD-MÈRE - Raoul, qui est cette dame ? Tu pourrais faire les présentations !

M. SICARD - Aïe ! Il s’agit de madame Richou…

Mme SICARD-MÈRE (tendant la main droite restée libre) - Bonjour Madame, enchantée !

MME  RICHOU - Bonjour Madame, de même !

Mme SICARD-MÈRE - Vous êtes une amie de mon fils ?

MME  RICHOU - Pas du tout, nous sommes en affaires. Je suis conseillère à la banque.

Mme SICARD-MÈRE - Comme c’est intéressant !

M. SICARD - Maman lâche-moi ! J’ai l’air de quoi devant ma banquière ? Tu m’enlève tout crédit !

MME  RICHOU - C’était déjà fait.

M. SICARD - …et toutes mes illusions !

Mme SICARD-MÈRE (lâchant l’oreille de son fils) - Bon, et que je ne t’y reprenne plus ! (Déchirant le dessin en quatre et le jette au sol.) Voilà ce que j’en fais de cette saleté !

SIMON (outré) - Mon dessin !

Mme SICARD-MÈRE - Ha ! Ha ! Ainsi c’était vous ? Approchez ! Pornographe !

SIMON (se glissant derrière le table) - Non, non, je ne préfère pas !

Mme SICARD-MÈRE - Il se rebelle ? Miss Prentiss poursuivez-le ! (Miss Prentiss entame une course poursuite en poussant le fauteuil de madame Sicard-mère devant elle tandis que  Simon tourne autour de la table à dessin.)
M. SICARD (s’interposant) - Cela suffit ! Miss Prentiss, raccompagnez immédiatement ma mère chez elle !

Mme SICARD-MÈRE (battant des mains de manière enfantine) - Encore ! Encore !

MISS PRENTISS - Je souis fatiguée… (Elle sort en poussant le fauteuil.)

Mme SICARD-MÈRE (sortant et en off) - Youpi ! Plus vite ! Plus vite !

Simon s’empresse d’aller ramasser les morceaux de son dessin et il va recoller les morceaux avec du scotch.

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