Je suis toujours admiratif devant l’aisance oratoire de certains de mes coreligionnaires quand il s’agit de présenter ou de vendre un spectacle, un livre, ou une expo.
Médiocre orateur, j’ai vécu des minutes interminables à vouloir défendre mon recueil de nouvelles intitulé « La Bête à bon diable » dans le cadre de cafés littéraires ou, Dieu soit loué, le café et les gâteaux comblaient avantageusement les trous laissés par ma prestation ! Que dire des fastidieuses séances de dédicaces ! Pour être tout à fait franc : à la vingtième bafouille je ne sais plus quoi mettre d’intelligent ou d’intelligible !.. Ce n’est pourtant pas faute de souhaiter être aimable !
J’ai toujours eu horreur de « vendre ma camelote » ; pour moi, cela s’apparente à la prostitution, en moins physique certes, je l’admets…
Pour en revenir à mon recueil, une question revient souvent :
« Pourquoi ce titre ? »
J’explique : il s’agit d’un clin d’œil allusif à la « bête à bon dieu » (la coccinelle) et à l’expression « un bon diable » En outre, la première nouvelle du livre s’intitule ainsi ; elle raconte la relation d’un homme qui apprivoise une araignée. Une araignée n’ayant pas la même aura qu’une coccinelle… CQFD.
Histoire de faire quand même un peu l’article :
Pour les Mayennais avides de lecture « La Bête à bon diable » est proposée à la vente (15 €) à l’espace culturel du centre Leclerc de la Fougetterie à Château-Gontier ou à la librairie M’lire 3, rue de la Paix à Laval.
Vous pouvez aussi me commander le livre directement (frais d’envoi en sus 2 €)
En outre, si vous avez la bonne idée de faire une halte reposante à la Closerie de la Hérissière à l’occasion d’une escapade en Anjou, Soizic Buisard (la sympathique hôtesse des lieux) ne manquera pas de faire l’éloge de mon bouquin. Je n’y peux rien, c’est une fan !
Un petit extrait de « La Bête à bon diable » :
C’est affreux comme je peux mal dormir ! Les bienheureux qui dorment du “sommeil du juste” ne connaissent pas leur bonheur ! Je ne sais pour quelle raison obscure j’ai toujours eu cette incapacité chronique au sommeil, et ce depuis la plus tendre enfance. Personne n’a jamais dit en se penchant sur ma couche : « il dort comme un Jésus ! » car le plus souvent je ne dormais pas. J’ai toujours été affligé des traits tirés et du teint blafard des insomniaques ; les ombres violettes des cernes n’ont jamais cessé d’éteindre l’éclat de mes yeux ; les plis tristes de la fatigue ont toujours trahi mes plus beaux sourires.
Mon enfance garde le souvenir morose des longues heures sombres passées à compter des moutons indomptables et multicolores tout acquis à la cause de mon éveil. Je dispose à l’heure qu’il est, d’un cheptel impressionnant de ces ovins bêlant de santé. Ce sont de sacrés brouteurs de sommeil, à la laine si touffues d’imagination qu’elle s’agrippe aux barbelés de la conscience.
J’ai pourtant essayé les vingt-trois mille positions de l’endormissement, mais aucune n’a provoqué chez moi un affaissement durable des paupières. Les seules joies du repos que je connaisse sont celles d’une vague torpeur ou, au mieux, d’un assoupissement fruste. Ah ! Ces horribles veillées nocturnes : les couvertures qui échappent à la vigilance pour rejoindre le plancher, les draps obstinés dans des plis inconfortables, la charpente qui répète ses gammes en craquant, le réveil et ses tic-tac obsédants, et surtout, surtout le souffle exaspérant des bienheureux endormis, si calme, si régulier, si... reposant pourrais-je dire !
Enfant, ma jeune sœur me berçait ainsi de sa respiration tranquille, accompagnée de temps à autre de soupirs d’aise ou de grognements de plaisir. Moi, le damné de la nuit, je venais l’observer au bord de son lit, comme au bord d’une contrée mystérieuse et je jetais des regards avides sur son gentil visage. Elle n’en a jamais rien su. Souvent nous évoquions nos rêves. Je mentais quant aux miens, car je n’ai jamais connu la joie intense des songes ni la volupté perverse des cauchemars. J’inventais donc et je prenais conscience du réalisme navrant de mes histoires, à la moue consternée de ma sœur. L’aspect imprévu et délirant de ses récits me bouleversait : comme je lui enviais ce monde imaginaire auquel je n’avais pas accès ! Elle n’a jamais rien su de mes nuits d’éveil en veilleur assidu de ses dodos enfantins, elle n’a jamais su que je ne savais pas rêver, elle n’a jamais su que j’étais seulement capable de sombrer dans des léthargies sans intérêt ; non, elle n’a jamais su.
Une nuit où je m’étais assoupis quelques instants. Une nuit, son souffle s’est arrêté. Une nuit, j’ai connu le cauchemar.
Depuis cette sinistre nuit, mes insomnies se sont aggravées. La chambre est devenue synonyme de tristesse et de trépas. Les moutons se sont chargés de noir. La vision de ma sœur endormie hante douloureusement mes pensées nocturnes... Ma petite sœur que j’aimais tendrement, partie, légère tel un songe heureux !
J’ai vu un tas de médecins, de psychothérapeutes ; j’ai avalé des pilules, des comprimés ; bu des potions et des sirops : rien n’est venu à bout de mon éveil de brute. (fin de l’extrait)
J’ai pourtant essayé les vingt-trois mille positions de l’endormissement, mais aucune n’a provoqué chez moi un affaissement durable des paupières. Les seules joies du repos que je connaisse sont celles d’une vague torpeur ou, au mieux, d’un assoupissement fruste. Ah ! Ces horribles veillées nocturnes : les couvertures qui échappent à la vigilance pour rejoindre le plancher, les draps obstinés dans des plis inconfortables, la charpente qui répète ses gammes en craquant, le réveil et ses tic-tac obsédants, et surtout, surtout le souffle exaspérant des bienheureux endormis, si calme, si régulier, si... reposant pourrais-je dire !
Enfant, ma jeune sœur me berçait ainsi de sa respiration tranquille, accompagnée de temps à autre de soupirs d’aise ou de grognements de plaisir. Moi, le damné de la nuit, je venais l’observer au bord de son lit, comme au bord d’une contrée mystérieuse et je jetais des regards avides sur son gentil visage. Elle n’en a jamais rien su. Souvent nous évoquions nos rêves. Je mentais quant aux miens, car je n’ai jamais connu la joie intense des songes ni la volupté perverse des cauchemars. J’inventais donc et je prenais conscience du réalisme navrant de mes histoires, à la moue consternée de ma sœur. L’aspect imprévu et délirant de ses récits me bouleversait : comme je lui enviais ce monde imaginaire auquel je n’avais pas accès ! Elle n’a jamais rien su de mes nuits d’éveil en veilleur assidu de ses dodos enfantins, elle n’a jamais su que je ne savais pas rêver, elle n’a jamais su que j’étais seulement capable de sombrer dans des léthargies sans intérêt ; non, elle n’a jamais su.
Une nuit où je m’étais assoupis quelques instants. Une nuit, son souffle s’est arrêté. Une nuit, j’ai connu le cauchemar.
Depuis cette sinistre nuit, mes insomnies se sont aggravées. La chambre est devenue synonyme de tristesse et de trépas. Les moutons se sont chargés de noir. La vision de ma sœur endormie hante douloureusement mes pensées nocturnes... Ma petite sœur que j’aimais tendrement, partie, légère tel un songe heureux !
J’ai vu un tas de médecins, de psychothérapeutes ; j’ai avalé des pilules, des comprimés ; bu des potions et des sirops : rien n’est venu à bout de mon éveil de brute. (fin de l’extrait)
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