LIMACE
(Cassagnes, Gard, 1994)
Il se croyait papillon, il s’est réveillé limace. Triste, il glisse sur les
(Cassagnes, Gard, 1994)
Il se croyait papillon, il s’est réveillé limace. Triste, il glisse sur les
parois lisses. Pas de coquille pour se replier : il faut affronter vaille que vaille l’adversité. Il découvre les murs sombres, droits et obtus qui s’éclairent à peine sous les néons. Même les ombres s’affichent en longues traînées lugubres. L’enduit par endroits est poisseux et la peinture semble vomir son huile, tout ici luit d’un éclat malsain. D’une fissure suinte comme d’une blessure la lymphe rouillée du béton. Voilà son univers ! Il pleure, qu’espère-t-il : de la compassion ?
Dans ses grands rêves de papillon, il voletait sans malice au dessus des colzas, n’y voyant que du jaune et des promesses de nectar. C’est bien fini ce destin indécis, d’une fleur à l’autre, au gré de la brise ! L’implacable muraille dresse partout ses angles pour en faire des coins tangibles et bien noirs, pour mieux punir. Et dans ce monde, le voilà qui se tord de douleur, hélas sans grâce, normal il est limace. Il avance, il se traîne et enrage, il en bave, sa vie est un gluant naufrage !
Par défi aux droites bétonnées, il voyage en inventant des chemins compliqués qui scintillent quand la lune s’enhardit au delà des murs. Mais le ciment, d’une transpiration insidieuse aux relents de moisi, efface cette trace d’audace : ce ridicule orgueil de limace...
Dans ses grands rêves de papillon, il voletait sans malice au dessus des colzas, n’y voyant que du jaune et des promesses de nectar. C’est bien fini ce destin indécis, d’une fleur à l’autre, au gré de la brise ! L’implacable muraille dresse partout ses angles pour en faire des coins tangibles et bien noirs, pour mieux punir. Et dans ce monde, le voilà qui se tord de douleur, hélas sans grâce, normal il est limace. Il avance, il se traîne et enrage, il en bave, sa vie est un gluant naufrage !
Par défi aux droites bétonnées, il voyage en inventant des chemins compliqués qui scintillent quand la lune s’enhardit au delà des murs. Mais le ciment, d’une transpiration insidieuse aux relents de moisi, efface cette trace d’audace : ce ridicule orgueil de limace...
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