dimanche 1 août 2010

En relisant ce petit texte qui fait partie d’un ensemble intitulé Objets (où l’on retrouve le râteau et l’arbre) je me dis qu’une bonne correction parfois, cela ne fait pas de mal, et que sans doute, je n’applique pas ces préceptes avec une ardeur suffisante…
Mais tout ceci n’est guère sérieux. Il s’agit là d’un petit écrit sans chuchotement et sans prétention.
En 1993, je me remémorais certains devoirs rendus par nos professeurs (à l’époque de mon enfance - jadis ! - où l’on était encore un peu sévère) maculés d’ornements écarlates, frappés d’un chiffre infamant, blessés de remarques laconiques…
Ces souvenirs m’arrachent un sourire et un brin de nostalgie, car depuis j’ai appris la distance qu’il faut savoir garder entre sa production, soi-même et le jugement des autres.



CICATRICES
(Cassagnes, Gard, 1993)

Sur la feuille du devoir, crac ! Une rature. Un coup de griffe ensanglante la copie.
Servile, le papier avale l’encre sereine des mots impropres qui gâche le message. Heureusement, le stylo vengeur barre la route aux pléonasmes, catachrèses et redondances. D’un trait mortel la bille traverse de part en part le groupe nominal inadapté. La plume rédemptrice empêche le verbe d’agir en roi sans sujet et libère l’idée prisonnière des mots superflus.
Un commentaire s’abrite derrière des parenthèse ? Une phrase blessée bat de l’aile ? Crac, crac ! Le stylo s’active. Voici des rajouts, des annotations, des flèches, autant de signes cabalistiques...
Le texte met finalement son habit de rayures frappé d’un chiffre. Une dernière blessure l’atteint sous forme d’une petite phrase assassine rouge carmin. La copie rejoint ses congénères sur la pile. Quelle correction ! Elle en gardera à jamais les cicatrices !

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