samedi 26 février 2011

Enfance...


GRANDEUR ET DECADENCE
(Cassagnes, Gard 1992)

        Je suis Bonaparte et j’observe avec suffisance les CP qui jouent dans la cour. Assis sous le préau, mes fidèles lieutenants et moi discutons de nos prochaines campagnes, Blücher et Wellington n’ont qu’à bien se tenir !
        Je trouve ça chouette d’être un personnage important et de pouvoir prendre de grandes attitudes ! Mes copains Daniel et Patrick ne partagent pas mon enthousiasme et prennent rapidement ombrage de l’autorité du Napoléon qui perce sous Bonaparte.
        On finit par avoir des mots sur le chemin retour de l’école. Je suis fort mécontent et le fait savoir bruyamment, une main sur le foie. Ils se tordent de rire et m’insultent, à distance toutefois, car je tape fort. Je leur fais savoir tout le mal que Napoléon pense d’eux au travers d’insultes des plus choisies. Ils rient de plus belle et déclarent :
        - Napoléon, on l’emm...!
Et joignant le geste à la parole, ils me jettent de la bouse sèche qui parsème la route. J’opère un repli stratégique sous les infamants projectiles, en éprouvant chagrins et désillusions. C’est ma Bérésina en somme ! Je rentre à la maison très fâché et raconte par le menu cette terrible histoire à maman, dans laquelle Napoléon a reçu de la crotte de vache.
    Maman ne garde pas longtemps son sérieux et ma sœur qui vient d’arriver, se tient carrément les côtes.
    Outragé, vaincu, au bord des larmes, je m’exile dans ma chambre en claquant la porte.    
    Je viens de subir mon Waterloo...

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire