lundi 4 avril 2011

A suivre... ou pas...

LARRY GOODMAN

        Larry Goodman n'aimait pas les femmes, aussi fut-il extrêmement contrarié de rencontrer sa voisine sur le palier. A son bonjour, il répondit par un grognement rebuté.
A dire vrai, il n'appréciait pas davantage les hommes, du moins sur le plan bagatelle... Pourtant, Betty Span était charmante et son corps n'engendrait pas le dégoût. Mais Larry demeurait Larry : complètement insensible aux promesses qu'offraient le corsage bien rempli de Betty et les rondeurs de ses fesses soulignées par une jupe quelque peu moulante. Larry avait pourtant tous les attributs de la gent masculine, mais probablement lui fallait-il un tremblement de terre pour éprouver quelques mâles émois...
A pas lents, il descendit la quinzaine de marches qui le séparaient du perron. Il ouvrit la porte et déposa sur sa tête, le chapeau difforme qu'il tenait jusque là dans la main gauche. Fermant la porte d'un coup de talon, il huma l'air de Biniou-sur-Orque en dilatant ses larges narines. Malgré l'usine de pneus toute proche, les multiples odeurs du port lui parvinrent : de la crevette de Singapour, au maquereau de la mer du Nord, en passant par la morue de Terre-Neuve sans oublier celles qui font le trottoir. Goodman les reconnût toutes et, cet exercice olfactif effectué, s'engouffra dans sa limousine démodée. Larry démarra sa Buick et se rendit à son bureau dans la 51ème rue.
Harvey Dolley le salua de son sourire ingrat qui découvrait des dents gâtées. Larry lui répondit sur un ton maussade, car il ne s'était toujours pas remis de sa rencontre avec Betty Span.
Harvey était son secrétaire et rabatteur de clientèle. Ses cheveux gras d'un jaune douteux, ses yeux dissimulés derrière une paire de hublots, son nez retroussé sous lequel s'évertuaient à pousser une douzaine de poils et une bouche charnue constamment entrouverte, ne faisaient pas de lui un playboy ; mais il y avait dans sa laideur quelque chose de fascinant et il rabattait une clientèle avide de sensations nouvelles, sinon fortes...
Larry était détective privé, style série noire, du moins était-ce son image de marque afin d'attirer les clients qui aiment les enquêtes mêlant l'efficacité au spectaculaire. Harvey apporta le café fumant de son patron, comme chaque matin ainsi que le journal local et la liste des rendez-vous de la journée. Larry versa un peu d'eau froide dans son café et déglutit le contenu de sa tasse. Il parcourut rapidement le journal,  le replia consciencieusement et déclara :
« Voilà, j'ai lu ma chronique sur les chiens et chats écrasés, je vous écoute Harvey ! »
Harvey pointa un doigt sur la liste posée sur le bureau, comme chaque matin et en énuméra le contenu. Enumérer peut sembler présomptueux vu que la liste en question ne proposait qu'un seul rendez-vous pour la journée. Larry se renfrogna un peu plus en apprenant que, de surcroît, ce client potentiel était du sexe soi-disant faible. Il en cracha de dépit dans sa corbeille à papiers. Voyant cela, Harvey ne put réprimer une grimace de réprobation qui le rendit soudain moins laid à contempler.
(à suivre, uniquement si j'obtiens assez de demandes dans ce sens : tapez 1 dans "commentaires" pour continuer ou 2 pour abandonner) Précision : la suite viendra à partir de 5 commentaires.

2 commentaires:

  1. La suite me semble évidemment indispensable.Vous excellez dans les chutes et il me tarde de pouvoir lire la suite des aventures de Larry. J'espère que d'autres lecteurs iront dans mon sens sinon quelle frustration!!!!

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  2. il me faut la suite.... faites nous découvrir cette aventure a travers vos mots si bien choisis...merci d'avance

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