dimanche 3 avril 2011

Un peu de gaîté*

 *(excusez  cette orthographe d'avant 1835)

Soyez gais, soyons gais, il le faut, je le veux ! (La Belle Hélène, Offenbach/Halévy)
Il me semble que c'est Oreste qui chante cela dans cet amusant opéra bouffe... 

CATHEDRALE ENGLOUTIE
 (Cassagnes, Gard, 1991)

    Dans l’esprit d’une cathédrale vole une nuée d’anges noirs portant maléfices entre leurs tendres cuisses. Le bénitier déborde, inondé de mains bigotes et les travées de bois usées de génuflexions, grincent parfois. Aux vitraux, les Saints grimacent en polychromie leurs béates attitudes. Les murs affichent les divines superstitions. Le sacristain abîme son regard sur les enfants de chœur aux suspectes pâleurs. Ces pauvrets ne connaissent de la jouissance que les tristes ébauches imposées par la solitude ! L’encens résonne au musée de la foi, où sont les âmes?
    O pierres, faut-il croire en vos chères structures ? L’espoir n’est-il pas déjà en la cathédrale englouti ?
    Si, de son aile géante, la mer venait couver la halle des prières, l’eau balaierait de la nef la mémoire des hommes, et de leurs flâneries, aux trop fières ogives, les poissons imposeraient le silence. Nous pourrions nager sous les cieux de pierres, sonder dans les recoins, apercevoir l’invisible, évoluer en de lascifs voyages parmis les gigantesques volumes. Les voûtes noyées seraient enfin sourdes et, sans l’artifice des paroles, la piété enfin s’exprimerait. Le Verbe, libre de tout artifice, parlerait aux âmes avec une bonté divine.
     Poséidon se faisant l’hôte de Dieu : le paradis et l’empyrée enfin unis sous le même toit, doux mirage de l’esprit.
    Loin des cieux hypothétiques, ce rêve miraculeux, Debussy en a fait une musique merveilleuse et limpide, une cathédrale engloutie.

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