LE COUP DE GRÂCE
(Cassagnes, Gard, 1991)

D’un coup de langue, j’ai effacé la goutte du bord de mon bol
D’un coup de pied, j’ai poussé la chaise sous la table
D’un coup de main, j’ai salué le facteur
D’un coup de lèvres, j’ai embrassé les tiennes
D’un coup de rein, j’ai sauté la clôture
Sur un coup de tête, je suis parti
Parti d’autant plus que je n’avais aucune raison de le faire…

A présent, je suis seul et je donne des coups dans les murs
Et je rêve du bol, de la chaise, du facteur et de tes lèvres auxquels je distribuais mon lot de coups quotidiens.

Hier, j’ai effacé la goutte de mon bol d’un coup de pied
D’un coup de rein, j’ai repoussé la chaise sous la table
D’un coup de langue, j’ai salué le facteur
D’un coup de tête, j’ai cassé la clôture
D’un coup de fusil, j’obtiendrai le pardon…