P’TIT GARS
(Cassagnes, Gard, 1995)
C’est un p’tit gars égaré dans la cour des grands. Un gamin mal vieilli, avec des mots de géants. Il inquiète, si jeune et si beau, le savant enfant ! Ses connaissances le rendent ignorant du monde. Holà, rêve-t-il ? Non, il réfléchit. Les filles, à peine les voit-il ces Marie-salopes, ces petites saintes-culottes ! Dans les lavatories, seul, il se débrouille, en proie aux solitudes. Faudrait lui dire que le collège c’est pas la communale. Son crâne est trop plein pour sa petite gueule d’amour. Il devrait pas tant l’ouvrir, dégoiser comme il fait. A force, il fout les nerfs à ses congénères.
Les grands ont formé le cercle et l’entourent. Le bel enfant, pour une fois ignorant, fend d’un sourire sa tronche d’ange. Affreuse méprise !
Le petit corps gisant dans une flaque de sang ne vieillira plus. Le crâne ouvert, fume urbi et orbi, et porte au ciel sa connaissance.
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