mercredi 13 août 2014


MURIEL
(sur une plage du Conquet en 1987)

Elle regardait la mer parce qu’il n’y avait personne pour lui fermer les yeux.

Tandis que l’aube glissait ses premiers reflets dans la solitude glacée, le sable crissait froid sous sa joue, y laissant des empreintes. Un petit crabe courait au loin… des cris de mouettes striaient le ciel, les vagues s’évertuaient de flux en reflux : tout bretonnait allègrement.

La brise matinale égayait sa chevelure blonde par soubresauts, sans joie pourtant. Les sourires l’avaient abandonnée depuis longtemps déjà.

Allongée sur le ventre, avec pour seul compagnon le silence, elle observait l’horizon où l’avenir n’était plus écrit.

Une phrase avait figé sa bouche entrouverte.

Ses enfants étudiaient à l’école.

Son mari travaillait.

La Terre tournait gentiment sur son axe et le monde s’affairait en quête du bonheur.

Ma sœur, elle, regardait la mer sans plus la voir ; on viendrait bientôt lui fermer les yeux pour toujours.


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