MURIEL
(sur une plage du Conquet en
1987)
Elle regardait la mer parce qu’il n’y avait personne
pour lui fermer les yeux.
Tandis que l’aube glissait ses premiers reflets dans
la solitude glacée, le sable crissait froid sous sa joue, y laissant des
empreintes. Un petit crabe courait au loin… des cris de mouettes striaient le
ciel, les vagues s’évertuaient de flux en reflux : tout bretonnait
allègrement.
La brise matinale égayait sa chevelure blonde par
soubresauts, sans joie pourtant. Les sourires l’avaient abandonnée depuis
longtemps déjà.
Allongée sur le ventre, avec pour seul compagnon le
silence, elle observait l’horizon où l’avenir n’était plus écrit.
Une phrase avait figé sa bouche entrouverte.
Ses enfants étudiaient à l’école.
Son mari travaillait.
La Terre tournait gentiment sur son axe et le monde
s’affairait en quête du bonheur.
Ma sœur, elle, regardait la mer sans plus la
voir ; on viendrait bientôt lui fermer les yeux pour toujours.
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