lundi 29 septembre 2014

Mes lectures...


Je retrouve avec amusement mes lectures d’enfant où, délaissant les fantaisies de Kirkegaard ou d’Heidegger, j’édifiais mon cerveau de dix ans par le truchement de livres d’une portée éducative beaucoup plus ambitieuse : « Trois hommes dans un bateau », « Le Sapeur Camenber », ou mes albums de Tintin…


TROIS HOMMES DANS UN BATEAU
(Jérôme K. Jérôme)


Nous dressâmes une première liste que nous dûmes écarter. Il était clair que le cours supérieur de la Tamise ne permettrait pas la navigation d’un bateau assez grand pour contenir le matériel que nous venions de décréter indispensable. Nous déchirâmes donc la liste, et en entreprîmes une autre !
C’est alors que George déclara : « À mon avis, nous sommes en train de faire fausse route. Il ne faut pas s’inquiéter du nécessaire, mais seulement de l’indispensable. »
Hé oui, George fait parfois preuve d’un bon sens étonnant !
Vous en seriez surpris. J’appelle ça de la sagesse. Et pas seulement en ce qui concerne la remontée présente de la Tamise, mais, d’une manière plus générale, pour tout ce qui touche à la descente du fleuve de la vie…
Combien de gens, dans ce voyage, chargent leur bateau, jusqu’à le mettre en danger de sombrer, de toute une cargaison de vanités qu’ils tiennent pour indispensable à leur bien-être, et qui ne sont en fait qu’encombrantes futilités !
Regardez-les remplir leur pauvre petit esquif de beaux habits, de grandes maisons, d’une domesticité royale, d’une horde de « bons amis » qui se soucient d’eux autant que de l’an quarante.
Et voilà ces maisons qui retentissent de divertissements ruineux dont personne ne s’amuse, voilà le règne écrasant des protocoles, des modes, des prétentions et autres étalages, mais par-dessus tout voilà la plus encombrante et la plus absurde des futilités : la sacro-sainte peur du qu’en-dira-t-on !

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