samedi 16 mai 2015

éloge de la paresse...

J’ai habité une fois avec un type qui avait en la matière le don de me rendre dingue. Vautré sur le canapé, il m’observait en train de travailler, des heures durant. Aucun de mes pas à travers la chambre ne lui échappait. Il disait éprouver du réconfort à me regarder m’activer. Cela lui faisait sentir que la vie n’est pas un vain songe où l’on ne ferait que bâiller, mais une noble lutte où s’enchaînent sans cesse devoirs et labeurs. Il ajouta qu’il se demandait souvent comment il avait pu se passer de moi jusqu’à présent, n’ayant jamais eu personne à contempler de la sorte.
Moi, je suis d’une autre trempe. Il m’est physiquement impossible de rester tranquille et de voir mes semblables turbiner comme des esclaves. J’ai envie de me lever et de prendre la direction des opérations, de les suivre, les mains dans les poches, en leur expliquant comment s’y prendre. 
C’est mon caractère énergique. Je n’y peux rien.

("Trois hommes dans un bateau" de Jérôme K Jérôme)

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