Le 13 mai 2010, je mettais en ligne "Gauloise", voici deux autres textes tout aussi "fumeux".
LA BLONDE
(Cassagnes, Gard, 1994)
Une vie bien rangée, côte à côte, un rien serrée, comme ses compagnes, elle attend. Cloîtrée, recluse, cette blonde aux pâleurs maladives rêve de Saint-Trop’ ou de Miami beach. Voilà les songes qui hantent la bout filtre ! Le paquet annonce la couleur : elles sont légères, les cigarettes ! Bien sage la petite, loin de l’esprit canaille du cannabis. Aucun trouble n’expire de ses midinettes bouffées, une vague toux peut-être ... Elle a la beauté fragile des phtisiques et redoute l’étreinte par trop physique. Aux doigts des femmes, elle se pavane et s’y consume lentement. En de gracieuses volutes, au firmament des cocktails, cette adorable cibiche rend l’âme sans un bruit.
CIGARE
(Cassagnes, Gard, 1994)
(Cassagnes, Gard, 1994)
L’ardent désir brûle en son bout, libérant l’opacité grise d’une cendre lascive. Le gros cigare sait la prestance qu’il dégage ; il enfume le boudoir avec arrogance. Entre les doigts d’un quelconque richissime, son hâle rappelle ses lointaines origines. Il porte beau le diable ! Roulé dans une robe havane, il arbore fièrement sa bague. N’est-il pas le symbole argenté du plaisir ? Son embonpoint extasie la galerie et son arôme répand la mâle présence. Dire qu’il y a des gens qu’il incommode ! L’âcre fumée de son mépris vole sur la médiocre engeance ; en grasses bouffées, il se dissipe dans les cheveux et les tentures.
Souvent, il faut ranimer sa flamme car, trop bien nourri, il s’endort. Laissé à l’abandon d’un cendrier, il s’éteint, se dessèche, perd le goût de tout. Mais à la bouche du connaisseur, il goûte les préliminaires et libère ses saveurs.
Quand de son art consommé il ne reste qu’un reliquat, il ne vient pas à l’idée de le nommer “mégot”.
Il finit ses jours dans un rond de fumée, ultime auréole qui le canonise.
Souvent, il faut ranimer sa flamme car, trop bien nourri, il s’endort. Laissé à l’abandon d’un cendrier, il s’éteint, se dessèche, perd le goût de tout. Mais à la bouche du connaisseur, il goûte les préliminaires et libère ses saveurs.
Quand de son art consommé il ne reste qu’un reliquat, il ne vient pas à l’idée de le nommer “mégot”.
Il finit ses jours dans un rond de fumée, ultime auréole qui le canonise.
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