mercredi 9 février 2011

Comme ils sont assommants ces auteurs à nous bassiner avec leurs souvenirs d’enfance ! Enfin bon, les cinéastes dénués d’imagination sont toujours contents de tomber sur « du Pagnol » ou « du Bazin » quand ils font leur marché… C’est tout de même moins long que « du Châteaubriand » (François-René) !
Alors, je viens vous éreinter avec un aperçu des miens, puisque je n’ai pas eu le toupet de les présenter à un éditeur.

LE PERE NOËL
(collège de Génolhac, Gard 1992)

        Cette nuit, c’est décidé ! Ma soeur et moi, on va faire le guet pour surprendre le Père Noël !
        Pour ma part, ce n’est pas que je doute de son existence, mais il me semble que mes courriers ne soient pas lus avec attention. Ainsi, l’an dernier j’avais commandé une voiture à ma taille avec un vrai moteur : j’ai eu des petites voitures, de la pâte à modeler, et un pyjama. Vraiment ! Un pyjama ! A quoi il pense le père Noël ? Depuis quand se charge t-il des cadeaux utiles ? Les parents font çà très bien.
        Enfin çà y est. Ma sœur et moi sommes cachés derrière la porte du salon et le sapin est bien en vue. La maison est calme, c’est impressionnant. J’ai un peu peur, comme çà, dans le noir. Je demande à ma sœur :
        « Tu crois qu’il va venir ?
        - Si tu bavardes tout le temps, il ne viendra pas ; c’est sûr ! » me répond-elle.
        Je me tais : ça m’ennuierait de ne pas avoir de cadeaux.
      Tout de même, c’est bien long et le carrelage, bien froid sous mes pieds nus ! J’ai froid, je baille, j’ai les paupières lourdes, je pense à mon lit où mon ours (en peluche) Bruno dort déjà. Ma soeur baille aussi. Les minutes sont drôlement longues ! Peut-être qu’elles rallongent la nuit ? Nous baillons encore deux ou trois fois et retournons dans nos lits, désabusés.
        A peine réveillé, je file en trombe vers le salon. Horreur ! Rien dans les souliers ! Devant ma mine où les larmes affleurent déjà, maman me rassure : nous irons déjeuner chez tante Claude où le Père Noël s’est apparemment égaré.
    Tout de même, le Père Noël, ces derniers temps, il a dû prendre un sacré coup de vieux !

PAPA EST MECHANT
(collège de Génolhac, Gard 1992)

    Papa est méchant. Il dit des gros mots quand il bricole et que ses outils ne travaillent pas comme il l’entend. Il a de grosses mains, effrayantes à contempler, en particulier lorsque la conscience démange. Mais, par dessus tout ses joues sont pareilles à des bandes Velcro où les baisers s’accrochent douloureusement.     Papa est méchant. Quand je joue à empiler les transats dans la cour pour faire une cabane, ou quand je remorque une vieille poussette derrière mon vélo à la manière d’une caravane, il passe en disant :
    « Qu’est-ce-que c’est que ces combines ? »
    Je m’en trouve tout honteux, le charme est rompu et je lui en veux beaucoup.
    Papa est méchant. Un jour, il a déchiré un de mes dessins car j’avais chipé la feuille sur laquelle il était conçu dans le tiroir du bureau de maman.
Ce jour là, c’est un peu de moi qu’il a déchiré et c’est un peu d’amour qui a rejoint la corbeille à papiers. 
    Papa est méchant et puis c’est tout !
    A midi, il m’a envoyé chercher le cidre à la cave. Elle est immense la cave, et si sombre ! Il faut faire deux mètres dans l’obscurité totale et tâtonner pour enclencher l'interrupteur. L’éclairage falot projette alors des ombres inquiétantes sur les parois humides et les rats, dérangés par mon intrusion, entament un sabbat dans l’ambiance sépulcrale. Comme il est long à remplir le pichet ! L’imagination voyage sournoisement au cœur de mes terreurs intimes et ne s’évapore qu’au soleil d’août, quand enfin je claque la porte de la cave le pichet de cidre à la main, tel un trophée. Là, je dois l’admettre : la fierté m’envahit voluptueusement !
    N’empêche, papa est méchant.

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