mardi 15 février 2011

Au diable les "critiques" !

Dans les années 90, j'avais commencé à écrire un recueil de petits textes intitulé "Objets" et,  comme le titre le suggère, il parle d'objets variés tels qu'un râteau, une fenêtre, un sommier etc.
J'avais montré certains d'entre eux à une personne de ma famille, dont l'avis me semblait important.
Quelle déception ! Je fus renvoyé dans les cordes avec une petite phrase bien sèche : "tout ceci est fabriqué"
Bien sûr ! Dès lors qu'une idée vient et que l'on se donne la peine de la mettre en forme avec un minimum de style, ce ne peut être que fabriqué, saperlipopette !
Encore influençable à l'époque, j'ai éprouvé du dégoût pour ces amusements d'écrivain et je suis passé à autre chose.
Enfin, voilà, il y en a quand même quelques uns en stock : mes lecteurs y auront droit !
SOMMIER
 (Cassagnes, Gard, 1994)

    Dans la chaleur de l’été, là-haut dans le grenier, le vieux sommier transpire. De son kapok antique suintent des odeurs suspectes. Ah ! L’âge et ses outrages ! Il est tâché, plein de poussières, le tissu défraîchi. Dans sa structure, des souris ont fait un nid. On le néglige, on l’abandonne, les araignées sont ses uniques compagnes. 
    Comme il regrette ses bois qui le rendaient irrésistible, l’hallali a sonné trop tôt ! Sous le matelas, il se souvient d’amours grinçantes... Délicieux tourments, râles et abandons, compressions charmantes ! 
    Pourquoi le temps, pourquoi l’usure et cette lente agonie ? Le vieux sommier interroge l’éternité qui ne peut lui répondre. 
    Dans le silence soudain, un bruit incongru : un ressort a lâché et dépasse en vibrant par un trou du sommier. 

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