mercredi 23 mars 2011

Un peu de niaiserie

La tristesse devrait être prohibée ! D'abord parce qu'on trouve toujours plus malheureux que soi (enfin ce sont en général ceux qui ne connaissent pas vos tourments qui vous livrent une liste non exhaustive de tous  les bienfaits qui vous accablent, comparés aux misères de ce monde...) 
A vous dégoûter d'être déprimé ! 
Mais ne soyez pas trop joyeux non plus : cela pourrait paraître suspect !
 
LE JOUR SE LEVE
 (Grand'maison, Trélazé, 1995)

    Encore vêtu de son aube, le petit jour débarque dans ma cuisine. 
    La cafetière crache sa haine et le café tombe en gouttes amères.
    L’arôme bon marché agresse mon odorat encore assoupi. 
    Un nuage âcre empoisonne le plafond : le pain est brûlé. 
    L’horloge sur son mur, accumule les secondes et les heures 
    Et la cuillère près du bol s’essaye à de pâles lueurs. 
    Vulgaire, la toile cirée reflète des clartés dans ses fleurs
    Et le beurre étale sur mes tartines son jaune empli de rance. 
    Le globe exhibe fièrement sa collection de mouches.
    Le papier peint est encrassé de monotonie. 
    Partout dans ma vie la laideur est installée. 
    Ton absence a rendu aux choses leurs vérités. 
    Tout meurt du désespoir d’être à sa place. 
    Et j’en ai marre de l’obstination du jour à se lever.

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